Day 3
Voici un bel exemple de journée de travail pour un photographe de skateboard. La matinée étant particulierement ensoleillée j'appelle mes amis allemands pour fixer un rendez vous, une voix endormie me répond, la nuit a visiblement été dure et alcoolisée, il n'y aura pas de skate aujourd'hui. Cette décision est impossible a contester, si je les force à rouler, ça sera sans résultat, il vaut mieux profiter de la journée seul plutôt que de la passer à regarder des légumes tomber mollement du haut d'escaliers pour se blesser et ruiner toute perspective de photos a venir.
J'erre donc quelques heures dans Berkeley, unique ville communiste des états unis, où l'on trouve des magasins de vêtements ou de musique qui proposent l'échange aussi bien que la vente. Derrière le comptoir, de jolis pots de peinture ont essayé d'empiler sur leur dos un maximum de fripes ne s'accordant pas du tout. Elle marchent fièrement d'une station à une autre pour finalement s'arrêter et faire un compliment sur une coupe de cheveux ou lire le magazine Vice pour la vingtième fois.
Au coin de la rue, de jeunes hyppies/hobos/clochards squattent sur le trottoir. L'un d'entre eux tend une pancarte sur lequel est écrit le message le plus étonnant que j'ai pu voir. Il ne mendie pas, il dit simplement "smile! you're not us"
Souriez, vous n'êtes pas nous. Quel humour ou plutôt quelle lucidité.
Je ne vais pas m'attarder plus longtemps sur eux au risque de paraître vraiment snob et élitiste alors qu'au contraire j'apprécie Berkeley me rappelle un mélange d' East vlllage dans les années 90 et de Christiania au Danemark. Des petite parcelles de monde ou l'on croit en la paix et la nature au milieu d'une grande ville. Ce matin sur chaque gazon ensoleillé des dizaines de sacs de couchages parsemés tels des bottes de foin dans des champs abritent les derniers dormeurs. Je sourie, je ne suis pas eux. Je souris aussi parce qu'ils me font penser à Jean Claude Duss sur la plage, s'extirpant de son duvet en plein soleil. La police du campus ou bien de la ville passe devant eux mais ne dis rien. Tout est toleré ou presque. Il regne un certain équilibre, un certain respect. Chaque vitrine annonce des produits organiques, des procédés naturels, devant moi un couple porte des sweatshirts pour une imprimerie qui propose des impressions à base de soja.Tout est possible.
Nous montons un peu dans les hauteurs de Berkeley pour admirer la vue sur la baie par ce grand soleil. Des amoureux regardent devant eux main dans la main, des autres s'embrassent. J'imagine facilement l'ambiance la nuit à ce même endroit....
Plus on monte, plus les maisons deviennent grosses et sophistiquées, quel bel exemple de caste moderne. Plus on monte, plus on est riche. Au niveau de l'eau on dort à même le sol et en haut de la colline, les voitures de luxe s'empilent devant les maisons ultra protégées. Je n'y fait pas attention, tout ce qui m'intéresse c'est de regarder avec envie les cyclistes qui déboulent dans les virages.
Plus tard dans la journée Deniz, Alex, Ozan et moi même partons dans la golf familiale pour Palo Alto. Des amis attendent un enfant et c'est l'occasion de se débarrasser des anciennes affaires de bébé. Une fois immergé dans cet univers, je reviens vite sur mon point de vue de la veille concernant les enfants en bas âge ainsi que la grossesse. Je mange tranquillement ma glace au potiron avec ma bière au potiron et j'essaie de m'integrer aux conversations parentales et domestiques. j'ai même eu droit à donner mon avis sur la liste d'éventuels noms. J'en ai retenu peu, mais Bibimbop ou encore Yuri ont retenu toute mon attention.
Contre toute attente nous avons bien ri, tout homme dans cette pièce est marié à une femme turque donc les anecdotes ont fusé toute l'apres midi. Et puis Alex nous a parlé du Docteur Enis Contractor avec qui il a fait une conférence et Deniz en a rajouté en parlant d'un professeur Turque du nom de Can Ufuk que l'on appelle dans les couloirs de son établissement "professor can you fuck please". Il faut 47 muscles pour froncer les sourcils et seulement 13 pour sourire. Aujourd'hui, j'ai le visage plutôt détendu...

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