November 21, 2010

day 2

Se reveiller à 5h du matin avec le bruit de la pluie sur les fenêtres et la terrible impression qu'il est 13h reste un veritable inconvenient du voyage lointain. S'il est aisé de parcourir 10000km, il est beaucoup moins simple de traverser les fuseaux horaires.
4 heures de solitude plus tard, Ozan grimpe les marches pour boire son chocolat chaud en discutant un peu de choses essentielles: caca, chocolat, jouets etc. Une fois son petit déjeuner terminé, il me récite l'alphabet anglais et français en chantant tout en jouant du clavier. Ozan a 2 ans.
Plus tard dans la matinée, son père et moi allons au labo afin de s'occuper de sa culture de cellules qui demande pas mal d'attention. Aujourd'hui tout le campus est envahi de fans des bears de Berkeley, tous habillés de jaune et bleus ils paradent jusqu'en haut de la colline pour aller voir un match de football américain (activité qui reste pour moi un grand mystère)
En sortant nous traversons People's park où des générations de hyppies se sont succedés au fil des années, nous croisons des dizaines de sans abris tous occupés à sêcher leurs sacs de couchage et campements de fortune. Devant un des arbres sur lequel pendent multiples sacs et draps, un type joue avec acharnement sur sa guitare électrique bien entendu non alimentée. Tout autour du park et Telegraph street de telles scènes se reproduisent, des vans chargés d'affaires en tt genre servent de dressing a cette communauté qui survit dans cette belle illusion de liberté. Je fais alors le constat que la société doit être bien terrible si nous sommes capable d'accepter une vie aussi dure pour s'en affranchir. Si le souvenir du mouvement hyppie 40 années en arrière dans ce même parc m'émeut, je trouve son spectacle aujourd'hui assez consternant. Je le vois comme une sorte d'anachronisme, comme si c'était plus beau avant et que ça ne soit plus posible aujourd'hui. C'est étrange comme nous sublimons les choses du passé alors que nous en oublions les détails. Essayez de parler a une vieille dame en lui disant que c'était tellement mieux dans les années 50, que tout était plus simple et encore possible, cétait bien plus beau quand les femmes portaient de belles robes a corset et des portes jarretelles. Elles rétorqueront que ces derniers leur lacéraient les hanches, que leur jogging est bien plus pratique et qu'en 50 elles avaient du mal à se remettre de leur viol par des soldats allemands et du gout des autres horreurs que la guerre leur avait laissé. C'est ainsi,  nous regardons en arriere en oubliant les détails, personne ne pense à ce que cette fille nue a fait une fois sortie de sa flaque de boue à woodstock, elle n'a certainement pas prit de douche, ni démelé ses cheveux longs, ni retrouvé ses vêtements que sa copine july lui avait gardé calmement. Non, elle a certainement fini la journée a poil, dans le froid, et a terminé le festival avec une bonne pneumonie et une chaude pisse. Pourtant son image nous fascine. La liberté n'existe peut être que dans les souvenirs. Une fois de plus, tout n'est qu'illusion. Heureusement qu'il reste la drogue pour conserver les rêves de ceux qui veulent y croire.

Le reste de ma journée se fera sous la pluie, le tonnerre et des éclairs.
Sur le coup de 20h je m'endors sous le poids insoutenable du décalage horaire. Je sombre dans des sommeils profonds qui me donne accès à des rêves hyper réalistes. Je me retrouve dans une soirée, alors que j'évolue parmi mes amis et connaissances, je vois Mujde qui s'approche d'Adrien Moerlen, sourit et l'embrasse à pleine bouche...tout devient vague et puis je me retrouve à courir en répetant dans ma tête la phrase qui sauvera la situation, une phrase claire et determinée qui lui expliquera qu'il faut arrêter les conneries, que je veux vivre avec elle, que je veux voir grandir nos enfants et que nous resterons ensemble pour toujours...la phrase se forme, j'accélere, ça va bien se passer maintenant, c'est certain.
Et puis mon cerveau stoppe ma course, il ne m'autorisera pas a sentir l'apaisement de cette réconciliation, la douceur de ce baiser qui pardonne,  cette saloperie de cerveau ne me laisse même pas rêver tranquille, le seul moment ou je peux retrouver les sensations, le toucher, les odeurs. Je cours un peu plus lentement, en larmes. Les émissaires de mon cerveau ont bien fait leur boulot et stopper ma course en jonchant ma route de multiples panneaux, "elle n'est plus là", "tu ne la reverras jamais, "ça serait trop beau qu'elle puisse te tromper... encore faudrait il qu'elle soit en vie" etc...je me réveille alors que la pluie martelle le toit en bois, mon oreiller est trempé. Il est 4h du matin. Je sais que je ne redormirai pas.

4 commentaires:

Korto Monday, November 22, 2010  

Cool!
Re du texte pas que tes photos ne me plaisent pas bien au contraire mais les textes c'est quand 'achement bien!
Keep up!

Anonymous Monday, November 22, 2010  

Je ne suis pas très doué pour les compliments, donc je me contenterais de dire que j'aime ta façon de narrer ces histoires du quotidien, et ta façon d'analyser ce que tu vois/observes.
J'attends la suite.

Maxime.

Anonymous Wednesday, November 24, 2010  

Un masque pour faire croire au lecteur qu'on a une vie intéressante, qu'on à de la sensibilité et des sentiments. Une chimère pour caché la réalité dégueulasse du vrais personnage hypocrite, mal-saint et opportuniste que croit être cette célébrissime entité par procuration, d'une inutilité absolue...

Eric Antoine Wednesday, November 24, 2010  

La haine isolée et aveugle est vaine, je te conseille de haïr plus globalement jeune homme

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