San fransisco diaries.
Day 1
9h de brouhaha aérien, air recyclé, sommeil medicamenté et films niais. Le vieux stewart éffeminé avec son brushing blanc, son bronzage de cabine et sa rose rose en boutonnière étire son large sourire javelisé pour me souhaiter un bon séjour. L'espace d'un instant je me demande si ce n'est pas le propriétaire d'un yacht mouillant à Nice et dont le nom serait "le fleur de mai" qui me présente ses adieux.
A mon arrivée je constate avec surprise que l'état américain m'a enfin pardonné le 91eme jour de trop passé sur leur territoire en 1996. 14 années plus tard, je peux enfin éviter l'heure habituelle à négocier mon séjour auprès des services de l'immigration.
"Bienvenue à San Fransisco"
Une seconde surprise m'attend dans le hall, mes amis germaniques Vladik et Louis m'attendent avec la ferme intention d'aller boire un verre. Nous nous étions quittés à Chypre il y a 2 mois, depuis ils baroudent en Californie avec leur vie dans un sac et la ferme intention de dormir sur un maximum de canapés.
Nous nous quittons assez vite alors que je continue ma route vers Berkeley à bord du train "BART". L'atmosphère qui y règne me parait d'emblée très Européenne, puis 2 filles s'assoient; leurs corps parfaits et leur dents font oublier leurs visages usés et leurs chaussure de strip-teaseuses. Un homme d'une cinquantaine d'année les aident instantanément à trouver leur chemin, ils se sourient à chaque station et un léger hochement de la tête indique qu'il n s'agit pas encore de la bonne. Malgré mon manque de boots à talons transparents et de poitrine volumineuse, je teste la sympathie de ce type en lui demandant sur quelle ligne nous sommes. Sans hésiter il m'explique tout le système de trains et me guide vers ma destination finale en une explication efficace et souriante. Je me vois alors gratifié des mêmes oeillades à chaque arrêt et puis lorsqu'il sort, il rajoute même un réconfortant "you're ok" ... il répète plus bas, "you're ok".
A la place des gentilles strip-teaseuses, un gars jaune a bonnet vert s'installe et soupèse 3 larges plaques de hachich de 20 cm de long, un gars en vélo me sourit, un couple d'homosexuels traîne ses 4 yeux sur mon allure fatiguée, personne n'évite le regard de l'autre...Le panneau bienvenue à San Fransisco n'était pas nécessaire. je sais où je suis.
A Berkeley, mon amie Deniz vient me chercher dans une voiture allemande de taille raisonnable. Nous nous rendons directement dans un restaurant français où attend la famille. Depuis qu'ils sont mariés et que leur fils est né, nous ne nous sommes pas vu. le petit özan a 2 ans maintenant. Nous discutons brièvement avec les quelques mots qu'il connaît puis il renverse un verre de limonade en guise de bienvenue. C'est bon de se retrouver en famille. On me sert mon "feuilleté de wii de vaoo" à la française qui sent plutôt un tofu sauce cacahouète pas très fin et puis nous dégustons un curieux Pinot gris. Au patronyme Weinzorn, freyburger, Mischler, Gross se substitue un "Mac Murray", tout simplement. Le pinot gris Mac Murray s'avère d'ailleurs surprenant. Un septagenaire fatigué mais toujours classe se penche vers moi et me demande comment est mon "wii de vaoo" avant que sa "date" (comme on dit ici) arrive enfin. Il enlace alors cette jeune femme d'une manière plus cavalière qu'elle ne l'imaginait. Elle est dans sa vingtaine, fine, bien apprêtée mais pas très jolie. J'espère que mes conseils culinaires l'auront aidé à s'orienter et qu'il finiront la soirée ensemble l'un dans l'autre à l'aide du saint Viagra et la bénédiction du monde moderne.
L'heure ne veut soudain plus rien dire et nous finissons la soirée dans le vaste appartement de mes hôtes où je lis des mots et des lettres avec Ozan. L'espace d'un instant je vis dans l'illusion naïve que les enfants sont formidables.
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