



PART III
Un autre père et son fils me racontent qu'ils viennent de Brawley, à 4 heures de là, et m'informent que les tickets pour les funérailles se négocient à plus de 4000$ sur Internet.
Quatre filles de Long Beach - Tracey, Linda, Amber et Bianca - me tendent fièrement leurs tickets gagnés à la loterie du Dodger Stadium. Elles sont heureuses et sourient à pleines dents, comme si le simple fait de savoir qu'elles verront le cercueil, où gît leur icône, leur avait ôté la douleur de sa mort.
Je passe un petit moment à parler avec Fernand, un policier de la LAPD depuis plus de 20 ans, qui me dit n'avoir jamais vu un tel rassemblement pour une seule personne, puis je me dirige vers l'entrée nord. Il est 5 heures du matin et quelques filles dorment encore ici et là. Sans le faire exprès (le déclenchement d'un FM2 n'a jamais été très discret), je réveille Lise Arona et Nicole, venues de San Diego afin de passer la nuit sur place et d'être les premières devant le Staples Center. Malheureusement pour elles, de nombreux autres fans ont eu la même idée.
A partir de 6 heures du matin, les queues se désordonnent, les médias débarquent en masse et un véritable marché s'installe autour du Staples Center. On y trouve posters, T-shirts, badges et livres. Je rencontre Alex et Lewis, deux Français habitant à Los Angeles ; ils ont imprimé quelques T-shirts pour arrondir leur fin de mois.
Un vendeur de posters hurle "get them here for 5$, sell 'em on Ebay for 20 !", un autre crie "my last shirt !" .
Le marché s'agrandit et s'organise.
Dans un coin, une femme et son bébé restent sous leur couverture, après avoir passé la nuit ici ; elle a l'air triste et impatiente. Devant elle, deux soeurs jumelles quinquagénaires déambulent, enrobées dans un drapeau Gallois sur lequel est inscrit "Dieu a créé Michael Jackson le 29 août 1958 et, soudainement, le 25 juin 2009, il nous l'a repris." Entre deux ou trois boniments religieux, elles confient qu'elles sont tristes et bouleversées mais tout de même heureuses d'être là, avec des tickets.
Vers 6h30, je discute avec Joey et Jason, arrivés de Salinas, à 6 heures de L.A. Ils sont passés par Neverland la veille, leur pélérinage a commencé il y a deux jours déjà. Tous deux portent une veste Thriller, ainsi qu'un chapeau et des gants blancs. Les voilà prêts à attaquer la vente de badges pour financer leur périple. C'est vital pour eux d'être présents. Ils ont pris des congés pour l'occasion. Ils seraient venus coûte que coûte.
A côté d'eux, Carlos et Salvador - deux autres vendeurs - s'installent. Ils ont floqué beaucoup de T-shirts et montent une véritable petite boutique sur le trottoir. Les inscriptions sont toujours un peu les mêmes : "in memory of the king of pop", "MJ lives", "you're not alone", "1958-2009", "remember"... Certains affichent simplement "Michael Jackson, RIP, Staples Center, July 7th 2009". Pas de second degré dans le deuil. Même si tout le monde semble détendu et que l'ambiance est à la solidarité dans cette douleur partagée, il ne vaut mieux pas faire de remarque désobligeante sur leur dieu.
November 5, 2009
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