March 13, 2011

Barcelone 11h.
Sur le grand parvis qui aère le quartier "Clot" les familles viennent s'amuser, rencontrer les voisins alors que les travailleurs profitent bruyamment de leur pause quotidienne. Pendant 3 heures un gai brouhaha remplit ce lieu et comme si un couvre feu leur était imposé, tout ces acteurs désertent le grand terrain de jeu et retournent à leur activité ou leur sieste.
Dès mon arrivée, près des petites cages de foot je remarque une famille qui s'installe. Petit à petit elle retient toute mon attention et j'en oublie les dizaines de chiens qui courent autour de moi, les enfants qui se bagarrent, celui qui pleure martyrisé par son grand frère, le groupe de jeune voyous qui enchaînent les joints en faisant des commentaires stupides sur tout ce qui passe etc.
Je ne vois qu'une chose, une petit fille qui joue au foot avec ses 3 frères et son père alors que la maman lit un livre sur un proche gradin. Elle a les cheveux courts, et porte un jogging rose qui recouvre un mini tee-shirt de l'équipe de foot de Barcelone. Elle court dans tout les sens et essaie de faire face à ses frangins tous habillés d'un pantalon de jogging bleu marine et un sweat-shirt rouge. 2 d'entre eux portent des lunettes. Le plus gros joue comme gardien de but. A force de les regarder j'apprends, en écoutant les encouragements du papa, qu'elle s'appelle Anna. Elle doit avoir 7 ans maximum alors que l'âge de ses frères frôlent ou dépasse une seconde décimale. 
Pendant 30 minutes, je les observe, ces petits bourgeons rouge et bleus qui tourne autour d'une petite brindille rose alors que le papa chef d'orchestre harmonise sa petite équipe familiale. Elle court vers eux et souvent se cache le visage en tournant le dos pour éviter de se faire heurter par une balle violente. Elle est peureuse et vaillante à la fois; raisonnable, déjà. De temps à autre, elle marque des buts, ça se fait discrètement mais il existe un certain relâchement tendre quand c'est elle qui a la balle et tout passe tout seul. Quand la balle franchit la ligne du but, un sourire timide dont profite tout les membres de la famille (et moi même) illumine tout le terrain et vaut toutes les victoires personnelles. Le grand frêre la pousse délicatement, au lieu de l'exclure du jeu et se mettre en avant, tous lui font croire qu'elle est l'element le plus important du match, le pilier central. Tout semble bien réglé dans cette famille, on s'aide, on chahute et s'amuse sans compétition. Pour moi, l'unique spectateur de ce match révélateur, tout s'articule vraiment autour d'elle, Anna, le dernier élément d'une famille trop masculine, le dernier espoir d'équilibre des genres dans un ensemble familial doux et attentif. 
Je me dis que c'est beau mais je ne peux pas m'empêcher de penser que, malheureusement, ça ne durera pas. Il y a de fortes chances que 'adolescence effacera cette innocence et, à fur et à mesure que l'esprit de famille disparaît,  les parents sombreront dans une déception qui les déchirera petit à petit, ces moments resteront figés sur quelques photos. 
Anna aura honte de son petit t-shirt du FCB et en voyant sa tenue outrageusement sexy, sa maman repensera au petit jogging rose et ces moments à Clot, aux lit superposés, au foot, aux vacances tous ensemble et à cette harmonie perdue.

1 commentaires:

postmodernism Monday, March 14, 2011  
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